Interagir

Comme a pu l’écrire Sophie Van der Linden, au sujet de certains livres dont la matérialité semble paradoxalement se renforcer pour mieux se définir en regard du développement du numérique[1], depuis quelques années, des jeunes graphistes tels que Sara de Bondt[2], Fanette Mellier[3], dans un autre genre, le collectif Formes Vives, Jack Usine... [4],  s’intéressent dans leurs projets aux processus de fabrication, non pas de manière réactionnaire, mais plutôt en faisant émerger des solutions créatives et bien contextualisées dans notre société contemporaine...

Interagir : Verbe intransitif, avoir une action réciproque, produire une,  des interactions.
interaction : Substentif féminin, action réciproque de deux ou plusieurs objets, de deux ou plusieurs phénomènes.
L’objectif du « workshop » est de réaliser et d’imprimer collectivement une affiche. Celle-ci peut se décrire comme une suite d’intéractions entre les différents participants et leurs propositions.

Le principe de « couches successives » relatif à la sérigraphie dicte en grande partie le protocole de création. Les participants sont associés le temps du workshop par groupes de deux personnes. Chaque groupe est chargé de la réalisation d’une « couche » qui devra interagir sémantiquement et graphiquement avec celle(s) du ou des groupes qui le précède. Les propositions peuvent se conforter, se préciser ou se confronter entre-elles.
Le thème global de l’affiche est décidé collectivement par les participants avec l’aide et l’encadrement des tuteurs. Pour faciliter l’avancement et rendre plus cohérent le rendu, la grille, le positionnement, ainsi que les couleurs des couches ont été préalablement établis.
Le résultat de ce workshop est une affiche sérigraphiée en cinq couleurs, ainsi que toutes ses déclinaisons combinatoires possibles.

C’est la Crise!!!!!! est le thème choisi par les étudiants qui préfèrent prendre du recul  avec humour, face à la crise économique, événement mondialisé devant lequel nous sommes tous impuissants et vis à vis duquel les jeunes graphistes avaient mieux présupposé en 2010 le retour virulent actuel, que certains experts-économistes...

Les acteurs « inter/agissant »

Vivien Le Jeune-Durhin[5] est un graphiste installé à Paris qui exerce la sérigraphie, depuis 2003. En 2006 il a participé à la construction d’un atelier en colaboration avec Anschlaege à Berlin et en 2009, il est allé au contact du studio canadien Seripop. En 2010, il a construit un atelier de sérigraphie
à Aubervilliers.[6]
Il collabore notamment sur certains projets avec Éléonore Hérissé ou Susanna Shannon[7]. Exerçant dans le domaine de la communication culturelle, il réalise celle d’évènements à Rennes, ou d’institutions tel que Le Jardin Moderne.

Le pôle design Rennes-Bréquigny[8]

Le pôle fait partie d’un établissement public du secondaire et du supérieur. Il accueille depuis 2010 une formation qui délivre un diplôme supérieur d’arts appliqués. Trois secteurs - design graphique, design d’espace, design de produits - y sont enseignés, construisant un cadre pluridisciplinaire ET interdisciplinaire, où les étudiants de chaque spécialité développent une démarche approfondie, en même temps qu’une pratique où convergent approches complémentaires.
La nature de cette formation engage une réflexion aboutie, en terme de projet de design, une capacité à problématiser une situation donnée et à chercher de manière ouverte et créative. C’est pourquoi l’activité en DSAA comporte une très forte dimension de conception, en plus d’une exigence de grande précision dans les projets développés (mises en place de stratégies créatives complexes, sélection de moyens techniques/ technologiques adaptés).

Le Musée de l’imprimerie de Nantes[9]

Situé à Nantes, le Musée de l’imprimerie a été développé par des professionnels soucieux de transmettre les savoir-faire techniques, particulièrement typographiques.
Il est l’un des tout premiers musées européens de l’imprimerie et des arts graphiques. 300 000 visiteurs l’ont déjà visité depuis son ouverture. Les collections se sont constituées et continuent de s’enrichir par des dons successifs.
L’une des particularités de ce lieu est qu’il propose de découvrir des machines en état de fonctionnement, démonstration à l’appui.  Ouvert à des partenariats expérimentaux, le Musée de l’imprimerie de Nantes est animé par par quatre professionnels et une soixantaine de bénévoles très compétents et disponibles. De nombreux ateliers y sont organisés en typographie, lithographie, gravure, reliure, enluminure, calligraphie. Plus de 400 artistes ont déjà réalisé 2 000 estampes sur ses presses auxquelles il faut ajouter une quarantaine de livres d’artistes.
Il est l’un des tout premiers musées européens de l’imprimerie et des arts graphiques.

La sérigraphie est pratiquement la seule technique d’impression non représentée au musée de l’imprimerie de Nantes. De manière ponctuelle, durant l’événement grafism : L’Affiche, La Rue, cette absence est comblée par la présentation du workshop Interagir, accompagné de supports didactiques explicitant son procédé.

Yves Guilloux/ onoma
commissariat de l’exposition Interagir