L’affiche, la vraie, la graphique, l’authentique, la joyeuse, la radicale, s’est perdue, noyée dans un raz de marée commercial ou communicationnel.
L’hystérie tapageuse du commerce, la démagogie marketing politique l’ont emporté et la rue n’offre plus les images sincères auxquelles nous aspirons pourtant, passants pressés ou flaneurs aux aguets. Voici malgré tout quelques îlots, une histoire à laquelle se raccrocher, des graphistes qui repensent l’espace public comme un lieu d’échanges et de réflexion.
Les graphistes — c’est insensé — fabriquent des images qu’ils pensent, qui parlent et parfois qui hurlent.
Les graphistes — c’est fort peu sexy — travaillent le mieux qu’ils peuvent pour des commanditaires. Cela les différencie des artistes qui — c’est très sexy — n’en font qu’à leur tête.
Les graphistes sont préoccupés — c’est la prise de tête — par la signification des images qu’ils créent, par la cohérence de l’association des signes qu’ils mettent en place.
Les graphistes sont impliqués — c’est ringard — dans la régulation sociale de la cité, la conversation politique dans la cité. Ce sont des auteurs qui pratiquent le graphisme d’auteurs, ce sont des citoyens qui pratiquent le graphisme d’utilité publique, ce sont des rêveurs qui pratiquent le graphisme pour — le gros mot — le plaisir.
Les graphistes — comme tant d’autres catégories de « travailleurs-travailleuses » — souffrent d’une actualité ultra-conventionnelle, ultra-dogmatique, ultra-conformiste, ultra-formatée, ultra-libérale.
C’est pourquoi nous sommes heureux — dans un panorama éclectique et subjectif — de vous présenter ces travaux de graphistes qui n’ont jamais renoncé à concevoir des affiches sensées.